Traitements contre le cancer : quels effets sur le cerveau ?
Sur cette page, vous trouverez un condensé d’informations sur ce sujet, des résultats d’études ainsi que des témoignages.
N’hésitez pas à nous dire en commentaires si cela a permis de répondre à vos questions ou si, au contraire, vous avez des suggestions pour enrichir cette page. Cela profitera à tous !
Bonne lecture !
Cette page a été rédigée avec l’aide précieuse de
Marie Lange
Psychologue spécialisée en neuropsychologie au sein du service de Recherche clinique du Centre François Baclesse.
Chantal Denieul
Seintinelle formée à la recherche, dans le cadre du projet IMPAQT
Oublier pourquoi nous sommes entrés dans une pièce, avoir un mot sur la langue, perdre ses clés, avoir du mal à suivre une conversation, ou à se concentrer sur un livre… Cela arrive bien sûr à n’importe qui.
Mais si vous avez été traité pour un cancer, ces situations banales peuvent devenir fréquentes. Et parfois handicapantes. Ce phénomène, c’est celui que l’on appelle le « chemobrain » ou « chemofog », pour décrire un état où le cerveau paraît fonctionner au ralenti, comme enveloppé dans un brouillard.
Ce brouillard mental ne se limite toutefois pas aux effets de la chimiothérapie. Aujourd’hui, les recherches montrent que d’autres traitements, comme l’hormonothérapie, la radiothérapie ou encore certaines formes d’immunothérapie, peuvent également impacter les fonctions cognitives.
Parce qu’il nous paraît important de comprendre le pourquoi du comment, pour apprendre à mieux vivre avec et à en diminuer les effets au quotidien, nous avons essayé de synthétiser tout cela.
La cognition, qu’est-ce que c’est ?
Commençons par le commencement…. La cognition, c’est tout ce que fait le cerveau pour penser et comprendre. Elle permet de :
Apprendre des choses.
Se souvenir des informations.
Résoudre des problèmes.
Parler et comprendre le langage.
Prendre des décisions.
En bref : la cognition, c’est ce qui nous aide à réfléchir et à agir. Et c’est cette fonction que les traitements du cancer peuvent altérer, avec plus ou moins d’intensité.
Les principaux troubles cognitifs que vous rapportez, suite aux traitements du cancer
Pertes de mémoire
Difficultés de concentration
Ralentissement de la pensée
Troubles de l’attention
Difficultés à trouver ses mots
Problèmes de planification
Diminution de la capacité à accomplir plusieurs tâches à la fois
A noter que : les troubles cognitifs ne sont pas vécus par toutes et tous de la même manière et que quand ils se produisent, il est important d’en parler avec un soignant. En parler c’est déjà les prendre en charge…
Ces difficultés cognitives s’améliorent en général 1 à 2 ans après la fin des traitements. Toutefois elles peuvent persister chez certaines personnes. Si ces difficultés ont un impact négatif sur votre vie quotidienne, parlez-en à un professionnel afin que vous puissiez réaliser un bilan « neuropsychologique » pour faire le point. Marie Lange, Psychologue spécialisée en neuropsychologie
Traitements et troubles cognitifs
Découvrez les résultats d’étude menées avec la communauté des Seintinelles
Troubles cognitifs post-traitements : comment y remédier ?
Déjà et avant tout, parlez-en avec votre médecin : Il pourra vous proposer une évaluation avec un neuropsychologue. C’est vraiment la première étape de la prise en charge de ces troubles.
Faites équipe avec vos proches : Travaillez ensemble pour trouver des astuces qui simplifient votre quotidien et le leur. Par exemple, utilisez un agenda pour tout noter ou créez des petites routines et rituels pour vous aider à mieux vous souvenir. N’oubliez pas que ces troubles cognitifs liés aux traitements sont souvent « invisibles » pour les autres. Prenez le temps d’expliquer à vos proches, et même à vos collègues si besoin, que ces difficultés sont normales après un cancer. Cela peut vraiment faire une différence dans la façon dont ils vous soutiennent et ajustent leurs attentes.
Continuez à entraîner votre cerveau : En lisant, en faisant des petits jeux (sudoku, mots croisés…). Ce type d’exercices peut également être encadré par des professionnels dans des ateliers dédiés, animés par des neuropsychologues ou orthophonistes (nous vous en parlons plus en détails juste en dessous).
Faites de l’activité physique : Comme le dit l’adage, “un esprit sain dans un corps sain”. Alors, on n’hésite pas à aller s’oxygéner en faisant un peu de marche tous les jours, du yoga ou n’importe quel exercice qui vous du bien et qui vous permet de vous mettre en mouvement !
et bien sûr l’incontournable hygiène de vie : Veillez à la qualité de votre sommeil, privilégiez une alimentation équilibrée, limitez le stress…
Zoom sur la remédiation cognitive
Il existe de plus en plus de programmes dits de « remédiation cognitive », qui sont une forme de rééducation permettant de réduire significativement les symptômes.
Si vous souhaitez bénéficier d’un programme comme celui-ci, parlez-en avec vos soignants. Il y a sûrement des ateliers organisés dans votre centre de soins ou dans votre région.
Des ateliers soutenus par la Ligue contre le cancer, combinant entraînement cognitif et psycho-éducation, comme ceux proposés par le Centre François Baclesse à Caen, ou dans d’autres départements (CD14, CD67, CD05, etc.).
Les services de médecine physique et de réadaptation dans certains hôpitaux, qui offrent également des prises en charge adaptées.
Nous vous recommandons aussi le formidable programme Oncogite, qui peut se suivre en présentiel ou 100 % en ligne. Le parcours dure entre 4 et 6 mois, avec un atelier d’1h30 par semaine et des exercices disponibles en ligne. Chaque séance est animée par un thérapeute. Le coût est très abordable : 20 € par an (le coût d’adhésion annuelle à l’association).
Vos questions les plus fréquentes
Nous avons pris soin de rassembler ici les réponses aux questions les plus courantes.
Si jamais vous ne trouvez pas la réponse que vous cherchez, surtout, n’hésitez pas à nous contacter pour nous en faire part. Cela nous aidera à enrichir cette rubrique pour qu’elle soit encore plus complète et utile à tout le monde.
Les symptômes peuvent inclure des pertes de mémoire, des difficultés de concentration et un ralentissement de la pensée.
Les troubles cognitifs associés au cancer peuvent survenir à différents moments du parcours de soins. Ils sont toutefois plus fréquents vers la fin des cycles de chimiothérapie ou peu après l’arrêt du traitement.
En règle générale, ces difficultés s’améliorent progressivement au cours des 1 à 2 années suivant la fin des traitements. Toutefois, certaines études ont montré que des troubles persistants peuvent encore être observés plus de 10 ans après la fin des soins.
Reprendre le travail après un cancer peut être source de stress et d’appréhension. Nous vous recommandons : • d’en parler (oui, encore) avec la médecine du travail pour envisager un aménagement de votre temps de travail par exemple • de ne pas hésiter à réviser votre organisation de travail. Par exemple en planifiant les tâches en fonction des moments où vous savez que vous avez le plus d’énergie, en divisant les tâches complexes pour éviter la surcharge cognitive, ou encore en essayant de finir une tâche avant d’en commencer une autre.
Vous trouverez aussi de précieuses informations sur le site de CancerNetWork,à ce sujet.
Sans grande surprise, la communication, le soutien et le non-jugement sont la clé. Reconnaissez la réalité des troubles de votre conjoint(e), ami(e), collègue… Ne pas les nier ou les diminuer, c’est déjà énorme. Et puis peut-être que vous pouvez trouver ensemble des stratégies pour faciliter le quotidien à la maison ou au travail : mettez des rappels sur vos téléphone pour la prise de médicaments, partagez les tâches au travail, cuisinez des petits plats équilibrés, proposez d’aller marcher / nager / courir / danser ensemble…
La première chose à faire, c’est de mesurer à quel point ces troubles vous gênent au quotidien et comment ils impactent votre qualité de vie. Pour ça, il existe des auto-questionnaires où vous pouvez noter votre ressenti. C’est ce qu’on appelle l’évaluation de la « plainte cognitive ».
Ensuite, des tests plus précis, ciblant la mémoire, la concentration ou la rapidité, permettent d’évaluer ce qu’on appelle la « performance cognitive » ou « troubles cognitifs objectifs ». Mais attention : beaucoup de personnes ressentent des difficultés (la plainte cognitive) sans que ces tests détectent un trouble de la performance. Cela arrive souvent quand les problèmes sont légers ou quand vous faites de gros efforts de concentration pendants les tests. Vous les réalisez mais le test n’évalue pas l’effort que cela vous a demandé. La fatigue et l’anxiété jouent aussi un grand rôle dans ce ressenti.
Pour vous aider, l’AFSOS (une association spécialisée) a créé un guide pour mieux comprendre et gérer ces troubles. Il existe aussi des recommandations européennes qui expliquent comment les évaluer et quelles approches sont les plus efficaces pour vous accompagner. L’idéal ? Mélanger plusieurs solutions :
Un peu d’activité physique adaptée à votre niveau. Pas besoin de courir un marathon, même une activité modérée peut faire beaucoup de bien.
Des exercices cognitifs pour entraîner votre cerveau (comme un petit « sport » mental).
De la psychoéducation, pour mieux comprendre comment fonctionne votre mémoire et apprendre des astuces à appliquer au quotidien.
Si votre centre de soins dispose d’un psychologue ou neuropsychologue, vous pouvez profiter d’un accompagnement sans frais, ce qui est une vraie opportunité. Cependant, ces ressources restent rares dans de nombreux centres.
Une autre option est de consulter ces professionnels en libéral. Certaines mutuelles remboursent une partie des consultations auprès de ces spécialistes, qui sont les professionnels de référence pour ce type de suivi.
Vous aussi, luttez contre le cancer en répondant à des questionnaires !
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Les oncologues ne prennent pas forcément en compte des effets secondaires, comme le « chemo brain ». Les études de Seintinelles m’ont permis de voir que je ne suis pas seul à les subir et qu’ils sont pris en compte par des professionnels dont c’est la qualification. Savoir que des solutions sont en cours d’élaboration ou existent est un grand soulagement et rassurant.
Au vu de la dégradation sensible de mes capacités cognitives, je ne pouvais nier que le cancer et son traîneau de traitements toxiques pour le cerveau étaient passés par là : je ne pouvais plus me concentrer, avais des difficultés à trouver mes mots et vivais avec l’impression déstabilisante d’être toujours dans le brouillard
Une étude sur des jumelles éclaire concrètement les effets de la chimiothérapie sur le cerveau
Une étude a comparé deux sœurs jumelles monozygotes (c’est-à-dire qu’elles génétiquement identiques) de 60 ans : l’une a été traitée pour un cancer du sein, notamment par chimiothérapie, tandis que l’autre n’a pas eu de cancer.
Les tests cognitifs montrent des performances similaires entre les deux. Cependant, la jumelle traitée se plaint davantage de troubles cognitifs. Les images cérébrales révèlent qu’elle doit activer plus de zones du cerveau pour accomplir les mêmes tâches que sa sœur.
Ce phénomène, appelé « compensation », signifie qu’elle doit fournir plus d’efforts pour réaliser certaines activités.
Françoise, Katia… Elles nous parlent de leurs parcours. MERCI à elles de témoigner. Cela parlera sans doute à toutes celles et tous ceux qui partagent cette expérience.
Les troubles cognitifs après un cancer inquiètent et c’est on ne peut plus normal. Qu’il est désagréable de se sentir diminué, ou de ne plus pouvoir faire ce que l’on aime faire ! Mais nous tenions aussi à vous rassurer, ces troubles sont majoritairement temporaires. Et il est probable qu’avec une prise en charge adaptée et un soutien psychologique, vous retrouverez une meilleure qualité de vie !
N’hésitez pas à consulter notre foire aux questions. Nous avons pris soin d’y rassembler les réponses aux questions les plus fréquentes sur le projet, la communauté, son fonctionnement…
Bien sûr, si vous avez besoin de discuter directement avec nous, n’hésitez pas à nous envoyer un message. ? Nous sommes toujours ravis de vous lire et d’échanger avec vous ?
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